Autres éléments


1  L'UNIA

 

L'Universal Negro Improvement Association and African Communities League, mouvement afro-américain, est une organisation qui a été créée par Marcus GARVEY en Jamaïque en août 1914 et qui s’est implantée dans toute l’Amérique noire. Lors de la convention du 13 août 1920 auMadison Square Garden, les couleurs rouge, noir et vert ont été déclarées couleurs officielles de la "race africaine" par l'UNIA. Le drapeau correspondant est ainsi nommé drapeau pan-africain, drapeau afro-américain, drapeau de libération des noirs, ou encore drapeau de l'UNIA.   

 

   

 

 

2  La Parole au Peuple

 

Le mouvement La Parole au Peuple, créé en 1973 en vue des élections législatives, résulte d’une entente entre le PPM et Alfred MARIE-JEANNE, maire de Rivière Pilote, entouré de militants de certaines organisations indépendantistes et de démocrates... L’entente reposait sur la reconnaissance du droit à l'autodétermination, un mandat impératif des élus (faire une déclaration solennelle à l'Assemblée Nationale Française sur la reconnaissance pour le peuple martiniquais du droit à l'autodétermination ; rendre compte aussitôt au peuple martiniquais et démissionner devant lui). Le candidat élu du PPM, dans la circonscription du Centre, n’applique pas ce mandat impératif. Le contrat est rompu. Le Mouvement « La Parole au Peuple » se regroupe autour d’Alfred MARIE-JEANNE, sur une base indépendantiste. En 1977, au sein de « La Parole au Peuple » des divergences idéologiques et stratégiques entrainent la rupture avec la gauche autonomiste. C’est ainsi qu’à la veille des sénatoriales 1977 et des législatives 1978, des négociations au François entre la Parole au Peuple, le PPM, la Fédération Socialiste, des maires du sud, échouent et entrainent une rupture du dialogue entre les deux camps.

 

 

 

3  Le moratoire du PPM

Après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République française en 1981, à la suite du vote massif des Martiniquais pour son adversaire de Droite, Valéry GISCARD D'ESTAING, Aimé CESAIRE, président du PPM décrète un moratoire dans la lutte pour l’autonomie, le définissant en ces termes : (…) « C’est un arrêt provisoire, c’est une suspension. Je n’ai pas dit suppression, j’ai dit une suspension…Je proclame ce soir et jusqu’à nouvel ordre, je proclame solennellement un moratoire politique, concernant le statut juridique. »

 

 

4  Épisodes significatifs de l'affrontement Etat/Municipalité de Sainte-Anne

 

- Le matin même ou est hissé le drapeau, le préfet téléphone et demande à ce qu’on le retire.

- Le soir, sur la place, Manifestation des anciens combattants organisés ; ils parlent de « drapeau sanguinaire, contre le BBR. Ils écrivent au préfet et au ministre.

- Décembre 1995, courrier du sous-préfet pour demander qu’on enlève le drapeau. Dans le cas contraire, il dit qu’il saisira le tribunal administratif.

- Comme dit, comme fait : le 28 mars 1996, le préfet de la Martinique, Jean François CORDET, introduit une requête auprès du Tribunal Administratif de Fort-de-France demandant l'annulation de la décision.

- Le 18 juin 1996, le Tribunal administratif se prononce pour le sursis à exécution de la délibération du conseil municipal. Dans son jugement du 20 avril 1999, il décide d'annuler la décision du conseil municipal. L'appel devant la cour administrative d'appel de Bordeaux est rejeté le 24 juin 2003.

- En février et mars 1996, deux citoyens français de métropole (vraisemblablement des touristes) adressent indépendamment un courrier, respectivement au premier ministre Alain JUPPÉ et au Président de la République, Jacques CHIRAC, en se déclarant scandalisés par le pavoisement de la mairie à l'aide du drapeau rouge-vert-noir. 

- En décembre 1997, Dominique  VOYNET, ministre de l’écologie et de l’aménagement, vient en visite privée à Sainte-Anne. Elle avertit Lionel Jospin et le ministre de l’intérieur qui lui demandent d’éviter d’aller à Sainte Anne. Elle passe outre. En février 2001, elle revient en visite officielle à Sainte-Anne. Un compromis est trouvé avec le préfet pour que figurent les deux drapeaux. C’est depuis ce jour que les deux drapeaux figurent sur le fronton de la mairie et que les préfets n’ont plus eu peur de venir (vu que la ministre était venue).

- Il y a eu une délibération du Conseil d’Etat du 27 juillet 2005 qui stipule que :

« a) Le principe de neutralité des services publics s'oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes symbolisant la revendication d'opinions politiques, religieuses ou philosophiques.,b) En conséquence est illégale la délibération autorisant la pose, sur le fronton de la mairie d'une commune située en Martinique, d'un drapeau rouge, vert et noir qui, s'il n'est pas l'emblème d'un parti politique déterminé, est le symbole d'une revendication politique exprimée par certains mouvements présents en Martinique. »

 

 

 

5  Motion de l'AM4

 

Considérant, vu l'histoire et la situation actuelle de la Martinique, l'importance et la nécessité de l'affirmation de l'identité martiniquaise,

Considérant le rôle important joué par les symboles, notamment les couleurs et emblèmes, dans l'affirmation de l'identité et la construction de l'unité des peuples,

Considérant que les couleurs bleu-blanc-rouge de l'Etat français, et que l'emblème bleu à croix blanche frappé des  quatre serpents des esclavagistes, ne sauraient traduire l'identité martiniquaise,

Considérant le rôle joué par l'association des couleurs rouge et noire puis par celle des couleurs rouge, noire et verte dans l'histoire martiniquaise caractérisée, pour l'essentiel, par la résistance à l'esclavage et à l'oppression coloniale,

Considérant la dimension civilisationnelle de ces couleurs pour l'immense majorité afro-descendante de la population et, de ce fait, leur place et leur signification dans et pour la culture martiniquaise,

Considérant la confusion entretenue sur la signification de ces couleurs consistant à les associer exclusivement à telle personnalité ou tel courant politique,

Considérant, avec satisfaction, différentes initiatives et manifestations, au sein de la société civile, visant à se réapproprier consciemment ces couleurs, même si elles ne sont pas encore généralisées dans la société martiniquaise,

 

(…) La Réunion Générale des Membres du samedi 26 septembre 2015, mandatée par l'Assemblée Générale ordinaire de l'AM4 du 15 mai 2015,

 

Souligne les dimensions historique et culturelle des couleurs rouge-vert-noir,

Affirme que, tout comme d'autres marqueurs de notre identité (langue, musique, danse, histoire...), ces couleurs, et notamment leur association sous forme de drapeau, sont représentatives de la communauté martiniquaise prise dans son ensemble, lui appartiennent donc dans son ensemble, et ne sauraient être perçues comme identifiant uniquement telle personnalité ou tel courant politique ou autre,

Constate qu'il n'existe pas, à ce jour, une autre proposition de couleurs qui, nourrie par certaines circonstances historiques, traduirait de manière aussi symbolique et de manière aussi large au sein de notre peuple, le sentiment et la conscience de son identité, 

Décide, dans le cadre de son action culturelle, d'adopter et de diffuser le plus largement que possible et sous des formes et supports divers, comme symbole historique et culturel de l'existence et de l'identité du peuple martiniquais, les couleurs rouge-vert-noir.