Rejetons le drapeau des esclavagistes !

Par Louis-Georges Tin, président du Cran

Cela ne peut plus durer. Nous ne pouvons plus conserver le prétendu drapeau officiel de la Martinique, qui est en fait celui des esclavagistes. Il est lié à un décret promulgué en 1766, qui dispose que « tous les propriétaires de vaisseaux, bâtiments, goélettes et bateaux de la Martinique et de Sainte-Lucie feront pourvoir leurs bâtiments d’un pavillon bleu avec une croix qui partagera ledit pavillon en quatre. Dans chaque chaque carré bleu, et au milieu du carré, il y aura la figure d’un serpent en blanc, de façon qu’il y aura quatre serpents en blanc dans le dit pavillon, qui sera reconnu dorénavant pour celui de la Martinique et de Sainte-Lucie. »

Ce pavillon aux quatre serpents se retrouve aujourd’hui encore en Martinique, sur le mur de la préfecture de police de Fort-de-France, sur les uniformes de la gendarmerie, etc. On demande donc aux descendants d’esclaves d’honorer le drapeau des esclavagistes. C’est insupportable.

Nous avons heureusement un autre drapeau, dont on fêtera bientôt le 50e anniversaire. Il reprend le rouge, le vert et le noir, couleurs fréquemment associées aux autres îles des Antilles, et aux drapeaux africains également. Ces couleurs ont été régulièrement reprises depuis des décennies par des personnalités, des artistes, des associations, des syndicats, des partis martiniquais. A nos yeux, c’est lui, le vrai drapeau de la Martinique.

Ce drapeau n’est pas officiel, mais il peut le devenir. Quant au drapeau des esclavagistes, il n’est pas vraiment officiel, car il n’a jamais été validé par la République française, et encore moins par les Martiniquais eux-mêmes. C’est un drapeau illégal et immoral à la fois. Par conséquent, nous devons le rejeter.

C’est pourquoi, à l’heure où toute la France débat de la nécessité de retirer les symboles liés à l’esclavage de l’espace public, à l’heure où se tiennent les assises de l’Outre-mer, nous demandons au président de la Collectivité Martinique, au préfet de la Martinique et à la ministre de l’Outre-mer de prendre les mesures pour que le drapeau de la honte soit à jamais écarté, et remplacé enfin par le drapeau de la dignité.

 

Cet appel est soutenu par
Souria Adèle (comédienne), Grégory Alcan (champion du monde de gymnastique), Marijosé Alie (journaliste, chanteuse), Franck Anretar (entrepreneur culturel), Patrick Chamoiseau (écrivain, Goncourt 1992), Thierry Césaire (universitaire), Tony Chasseur (chanteur), Gilbert Eustache (maire du Diamant), Mireille Fanon-Mendès-France (présidente de la Fondation Frantz Fanon, ancienne présidente du groupe d’experts des Nations Unies pour les personnes d’ascendance africaine), Edgard Lareney (musicien), Garcin Malsa (président du MIR), Corinne Mencé-Caster (universitaire, ancienne présidente de l’Université Antilles-Guyane), Jean-François Mongis (musicien), Marcelin Nadeau (maire du Prêcheur), Euzhan Palcy (cinéaste), David Placide (chanteur), Audrey Pulvar (journaliste)