APPEL POUR LES COULEURS ET L’EMBLÈME MARTINIQUAIS

 

            Qui sommes-nous ?

Un liannaj (réseau mi formel-mi informel) entre des citoyens martiniquais, indépendants de toute personnalité et de tout mouvement politique, religieux, de toute structure administrative, animés de l’amour de leur pays et de la volonté de le servir, de leur fierté d’Etre martiniquais.

 

            Pourquoi nous manifestons-nous ?

Parce qu’aujourd’hui, les Martiniquais, de plus en plus nombreux, ne veulent pas une dilution de leur identité dans l’assimilationnisme, l’actuelle mondialisation, la dispersion et la division. Ils aspirent à s’identifier et à se rassembler autour de symboles forts (couleurs, drapeau, hymne…) qui leur permettent d’apparaître au monde (lors d’évènements culturels, sportifs, religieux, politiques, économiques) comme une communauté historique originale, distincte de toute autre. Notre présence au sein d’institutions et de manifestations culturelles et sportives caribéennes renforce encore plus la nécessité et l'urgence de disposer de signes distinctifs signifiant notre personnalité martiniquaise.   

 

            Pourquoi des couleurs et un drapeau/emblème ?

Les couleurs sont des symboles forts, des marqueurs puissants de l’Identité d’une communauté historique, politique ou/et culturelle (peuple/nation, région/province), ayant conscience de son existence et ayant la volonté de l’exprimer au monde. Leur association en drapeau est l’étape la plus élevée et la forme la plus significative de leur importance. On voit bien, par exemple, lors des grands évènements sportifs rassemblant des Etats (jeux olympiques, coupe de football…), mais aussi dans des territoires intégrés à des États (Bretagne, Corse en France, Écosse, Pays de Galles au Royaume uni, Etats aux Etats-Unis…) comment les couleurs et le drapeau cristallisent le sentiment d’appartenance.

 

            Pourquoi des couleurs et un drapeau/emblème différents des emblèmes officiels actuels ?

- Bleu-blanc-rouge sont les couleurs de l’Etat français. Elles traduisent une appartenance juridique, mais pas notre singularité historique et culturelle.

- Le pavillon aux quatre serpents n’émane pas des Martiniquais. Il a été créé par les autorités coloniales en 1766 pour prévenir de la présence du trigonocéphale en Martinique et à Sainte-Lucie. Il a fusionné avec l’activité des navires négriers et des habitations esclavagistes et incarne la période la plus sombre de l’oppression coloniale et du racisme. Il ne saurait être un symbole de notre Identité et de notre pays.

 

            Alors, quelles couleurs et quel emblème ?

Nous faisons le choix du Rouge-Vert-Noir. Parce que rouge-vert-noir apparaissent (prises séparément ou en association) comme des couleurs emblématiques incontournables, porteuses de l’Energie historique et ancestrale de notre communauté. Elles sont inscrites :

dans notre histoire, depuis plus d'un demi-siècle, suite à leur association sous forme de drapeau en 1963 dans le cadre de l’affaire de l’OJAM

dans la culture martiniquaise et caribéenne depuis bientôt quatre siècles (spiritualités et rituels, danses, littérature, plantes…), dans la civilisation africaine (dont est issue la plus grande partie des Martiniquais) depuis l’Egypte ancienne négro-africaine, dans la culture symbolique des autres composantes du peuple martiniquais (Chinwa, Éwopéyen, Kalinago, Siryen, Zendien,)

dans l’actualité de notre pays : aujourd’hui, elles sont brandies par des organisations de toutes sortes (culturelles, sportives, politiques…) et par nombre de citoyens.

Le Rouge est la couleur de la force de vie (balan lavi-a), de l’idéal de transformation de la société, de la volonté de progrès social et de liberté. Le Vert symbolise le lien à la terre, la beauté et la richesse de la nature de notre pays, l’espérance de mener une vie meilleure, la solidarité avec les peuples luttant contre l’oppression. Le Noir est symbole d’humanité et de culture, de lien à la civilisation africaine matrice, de solidarité avec les peuples noirs luttant pour leur émancipation et contre le racisme.

Nous pensons qu’il est possible aujourd’hui, autour ou à partir du noyau historique et culturel rouge-vert-noir, de réaliser le consensus le plus large et d’avancer.

 

            Quelles confusions surmonter ?

Certains clichés existent (venant de tout bord d’ailleurs) assimilant ces couleurs à tel ou tel parti ou à telle ou telle personnalité. On les utilise parfois pour entretenir la confusion autour des couleurs, les censurer ou, pire encore, nous amener à pratiquer une sorte d’autocensure. Nous avons déjà souligné que ces couleurs ont une dimension culturelle très ancienne, antérieure à leur organisation en drapeau au début des années 1960. Il est vrai aussi que le drapeau associant ces couleurs a été levé d’abord par des forces du mouvement national martiniquais et relancé, à différents moments, par certaines personnalités politiques issues de ses rangs. Cependant, on ne saurait utiliser ces éléments historiques comme obstacles. A moins d’adopter la même attitude pour ce qui est du 22 Mai, de la langue créole, du danmyé/bèlè, des travaux historiques…

Le fait est qu'aujourd’hui, ces couleurs, comme les autres marqueurs identitaires, font partie de l’histoire et de la culture martiniquaises. Elles appartiennent donc à l’ensemble des Martiniquais, à tous ceux qui sont attachés à la singularité martiniquaise, quelles que soient les sensibilités politiques (reconnaissance par les uns que les Martiniquais forment un peuple/nation, ou par les autres d’une identité régionale forte) et les stratégies politiques (autonomie, indépendance, décentralisation).

Il faut donc restituer à ces couleurs leur signification profonde et nous unir le plus largement possible autour de la reconnaissance de ce que nous sommes, et ce même s’il existe des idées différentes quant à la gestion du présent et la vision de l’avenir.

 

            Quel est le chemin fondamental pour nous unir ?

- Il nous faut apprendre à surmonter les craintes, les rancœurs, à maîtriser les égos, informer, expliquer, nous écouter, dialoguer, envisager d’éventuels compromis. Nous sommes capables de réduire les intérêts particuliers et de prioriser les intérêts supérieurs de notre communauté.

- Il faut nous inscrire dans les traditions organisationnelles de notre pays et de notre civilisation matrice : libérer les initiatives et promouvoir la prise de responsabilité par le plus grand nombre, pratiquer l’égalité entre les acteurs et réduire les relations verticales, entretenir des liens permanents ou ponctuels (à différentes échelles et dans différents secteurs) à partir des idées et propositions de base.

 

            Comment pouvez-vous contribuer à la reconnaissance de masse du rouge-vert-noir, vous qui êtes un acteur associatif, économique, politique, culturel, sportif, écologique ?

- En organisant un débat dans votre structure ou votre groupe relationnel ou/et dans des structures intéressées de votre connaissance afin d’échanger sur les questions que vous vous posez ou que votre entourage se pose, avec l’appui, si nécessaire, de personnes ressources disponibles

- En adoptant les couleurs et/ou le drapeau et en assumant votre choix par un engagement concret

- En diffusant cet appel au plus grand nombre

- En faisant connaître et en encourageant les initiatives et formes de diffusion existantes ou à venir

- En organisant un liannaj de zone (commune, quartier…) ou de domaine (culturel, sportif, économique, politique…) ou en vous y inscrivant

- En créant et/ou en diffusant des produits rouge-vert-noir (drapeaux, tricots, casquettes, autocollants, bracelets, colliers, brassards, bandanas, goodies, vêtementslogos, emballages…) sous le label correspondant à vos convictions.

 

Liannaj rouge-vert-noir

 

Martinique - Septembre/Octobre  2016